3 Billboards, Les Panneaux de la Vengeance, Martin McDonagh

Réaliseur : Martin McDonagh | Durée : 1h56 | En salle le : 17 janvier 2018
Bande-annonce

Synopsis : Après des mois sans que l’enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l’entrée de leur ville.


Passable en masse.jpg


« La colère engendre la colère », je pense qu’aucune citation du film ne pourrait mieux résumer l’œuvre dont elle est issue. 3 Billboards, c’est un film passionné nous contant la haine, la rage et le désespoir sur fond d’humour noir et à travers des personnages percutants. Si j’ai absolument adoré les prestations de Frances McDormand, Woody Harrelson ou encore Sam Rockwell, je dois bien avouer que je reste légèrement sur ma faim concernant l’intensité générale du film. En effet, la texture des plans et l’ambiance de l’histoire ont beau être globalement maîtrisées, il m’a manqué un degré de profondeur supplémentaire pour complètement être satisfait.

242299.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx

En effet, Mildred Hayes, l’héroïne principale, est un protagoniste acharné, combattif et déterminé. J’ai été sidéré par le jeu d’actrice de F. McDormand qui est véritablement époustouflante et explosive dans son rôle de mère prête à tout pour venger la mort de sa fille. Mildred est une femme qui nous prend aux tripes et nous embarque avec elle, presque instantanément après les premières minutes du film, dans une aventure à la fois terriblement humaine et fondamentalement provocante. Derrière ses ambitions belliqueuses mais justes se cache une personne brisée, en quête de justice et de paix afin de pouvoir faire le deuil. Évidemment, j’ai été complètement convaincu par la détermination de Mildred, par son ambition héroïque, par ses pulsions violentes mais évocatrices d’un mal-être indéniable. Cependant, et c’est bien là le point noir le plus important à mes yeux, je n’ai pas retrouvé l’émotion à laquelle je m’étais préparé. J’aurais aimé que la douleur de Mildred occupe une plus grande place dans ce récit. À l’instar de la ville d’Ebbing, de ses habitants et du personnage principal, la colère prend toute la place et obstrue l’essentiel. Je ne doute pas que le but de Martin McDonagh était justement d’en arriver à un tel résultat final, je considère juste que mes attentes n’étaient les bonnes. Néanmoins, j’aurais aimé, parmi la rage salvatrice et les intentions salutaires, ressentir plus de compassion et de chagrin de la part de Mildred.

Hormis ce bémol (qui, malheureusement, m’a complètement coupé dans mon élan), j’ai été conquis par les personnages secondaires qui peuplent cette histoire. Le chef Willoughby ou encore le policier Dixon m’ont complètement charmé. Grâce à eux, 3 Billboards évoque, avec brio et justesse, l’idée que rien n’est tout blanc ou tout noir. Ce sont des héros faits de plusieurs teintes et de plusieurs couches qu’on prend plaisir à connaître. La ville d’Ebbing est d’ailleurs un personnage à part entière, loin d’être manichéen, à l’instar de ses habitants. Entre violences gratuites, racisme banalisé et – le cœur du film – enquêtes non-élucidées aux États-Unis, nous sommes confrontés à une réalité critique mais hurlante de vérités. J’ai énormément apprécié toutes les dénonciations plus ou moins cachées qui parsèment ce long-métrage. Entre humour grossier et actes de charité inattendus, Martin McDonagh en profite malgré tout pour nous livrer des plans bruts, durs et à peine supportables. Tout cela s’avère être un atout pour 3 Billboards qui aborde des thématiques actuelles avec succès.

billboards1.0

Jusqu’à la conclusion, 3 Billboards suit le même rythme. La fin, quant à elle, me laisse sur un sentiment mitigé. De par certains aspects, elle m’a touché et j’ai finalement, bien que très sommairement, éprouvé la tristesse de Mildred. Les rares séquences où elle ne peut se cacher derrière son masque de revanche sont éblouissantes, d’où mon profond regret qu’elles soient si peu nombreuses. D’un autre côté, la conclusion reste plutôt ouverte. Certes, tout cela ne fait que souligner le réalisme de l’histoire, mais quelques éléments dont nous n’avons pas les réponses me semblent être de trop, comme si c’était au spectateurs de faire le tri. Les ultimes minutes manquent de précisions et de détails et j’ai trouvé cela dommage de terminer le film sur une telle impression.

Malgré son héroïne décapante et saisissante, ses thématiques puissantes et implacables et son climat vindicatif et brûlant, 3 Billboards n’est pas parvenu à entièrement me charmer. Trop peu de réponses et un manque accru (d’après moi) du caractère endeuillé de Mildred – qui aurait pu fournir l’étincelle manquante à cette histoire – m’ont empêché d’apprécier le film à sa juste valeur.
Signature

Laisser un commentaire